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L'ultra Trail International du Mont blanc du 25 au 27 Août 2006 |
Récit |
Publié le 03/09/2006 |
A 19h ce vendredi 25 Août, le défi est lancé pour environ 2500 coureurs en route pour 158 km et 16 000 mètres de déniv. positifs et négatifs. Les frontales ont laissé la place aux casquettes, les initiés savent que sur une épreuve aussi éprouvante, un départ trop rapide peut gâcher le reste de la course car des fausses notes vont apparaître au fil de la journée : douleurs physiques, douleurs imaginaires ? quand le corps semble vouloir dire stop, une petite note légère résonne parfois, pleine d'espoir et de courage pour repartir jusqu'au prochain poste. Manger, boire, se faire masser, un rituel des arrêts que pas un coureur n'oublie. La nuit revenue, et les frontales sont repositionnées sur les têtes, efficaces ou tremblotantes, trait de lumière furtif pour déjouer les pièges de la montagne, pour y repousser des monstres aux formes de racines ou de pierres que le brouillard et la pluie voir la neige cachent. Au bout de cette "boucle des titans", des naufragés des ténèbres surgiront de la nuit fatigués, transit de froid, le chrono n'a pas d'importance, les dernières heures de course regroupent des êtres humains, tendus vers un même but : aller au bout de l'effort, atteindre ou repousser ses limites dans un souci de bien-être mais aussi de partage. Pour ma part, j'ai été arrêté au 110ème kilomètre à Praz le Fort, une douleur est apparue en début de course au niveau des sésamoïdes avec une brûlure intense au gros pouce, le mental faisant, la douleur s'est anesthésiée. Hélas, la douleur est revenue plus importante en montant le col Ferret mais surtout en redescendant sur La Fouly où mes points d'appui étaient plus marqués. En arrivant à Praz le Fort, la douleur était telle que je dû m'arrêter pour déchausser et mettre le pied dans une fontaine. La douleur était trop vive et je suis tombé dans les vaps. Je fus rapatrié sur Champex avec les yeux plein de larmes pour voir le médecin qui après maintes palpations était étonné que j'ai pu courir comme ça. Le plus dur est de prendre sur soi, car on fait des sacrifices assez importants pour se préparer à une course de cette envergure et quand on est obligé d'être arrêté pour une raison que l'on ne maîtrise hélas pas, c'est rageant…., je m'imagine encore sous la couverture à Praz le Fort me cachant des autres coureurs, les larmes coulant le long de mes joues et ce pied qui me faisait tellement mal que j'avais envie d'hurler et de l'arracher ! Mais bon, dans la vie il y a des choses beaucoup plus importantes et le temps de me faire soigner (médecin + podologue), je repartirai pour autre chose ou une autre course.
Gilles Greffier
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